Rencontres européennes des anciens des jésuites : « Contempler, agir et resserrer nos liens »
Alors que j’étais impliqué dans le comité organisateur du 8e Congrès mondial des anciens des Jésuites qui s’est tenu à Medellín en 2013, mon père, qui n’est pas ancien des Jésuites, m’a posé une question que je n’ai pas oubliée : « Quelle est cette ‘particularité’ au nom de laquelle un habitant de Hong Kong voyage durant quatre jours pour rester moins longtemps sur place à destination que le temps qu’il a mis à voyager ? Qu’est-ce qui vous (les anciens des Jésuites) fait ressentir ce sentiment de fraternité presque surréel ? Est-ce pour s’ouvrir des perspectives professionnelles, pour se rassembler dans un pèlerinage religieux ? De quoi s’agit-il ? »
Cela fait plus de trois ans que je tente de répondre à cette question, mais la meilleure façon de décrire ce « je ne sais quoi » qui fait de nous l’un des réseaux non-officiels les plus larges du monde, cette « chose » qui nous rend assez uniques, parfois mal compris, parfois enviés, mais généralement aussi appréciés, voire admirés, c’est la suivante : « notre éducation ignatienne, la spiritualité ignatienne ».
Au mois de septembre, je me suis exposé une nouvelle fois à la même interrogation paternelle, car j’ai coordonné la logistique des Rencontres européennes des anciens des Jésuites, qui ont eu lieu à Rome et qui ont également servi de cadre à l’assemblée générale extraordinaire de l’Union mondiale des anciens élèves de la Compagnie de Jésus (WUJA). Plus que jamais, une chose m’est apparue certaine : si Ignace de Loyola et ses compagnons revenaient parmi nous, ils ressentiraient probablement une certaine fierté de constater qu’ils ont créé une structure qui est l’une des rares pouvant franchir les barrières religieuses, géographiques, ethniques, culturelles, sociales, politiques ou linguistiques. C’est à leur éducation aux valeurs uniques en leur genre qu’on le doit.
J’ai ressenti la force de ce lien depuis mon expérience dans la préparation des Rencontres, et les nombreuses réunions du comité d’organisation que nous avons eues par Skype. Dès le premier contact, j’ai été frappé d’avoir l’impression de m’entretenir avec des amis de toujours, en dépit du fait que je n’avais rencontré les uns que quelques heures trois ans auparavant, et que je n’avais jamais eu le moindre contact avec les autres.
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Une fois arrivé à Rome, les Rencontres européennes des anciens des Jésuites, Dieu a corroboré ce sentiment à plusieurs reprises : chaque instant, chaque activité m’a donné l’opportunité de refaire l’expérience de ce lien fraternel.
Le premier jour, mercredi 14 septembre, le premier contact entre les nouveaux arrivants a été empreint de spiritualité, lors de l’audience papale générale, qui nous a fait nous sentir une goutte d’eau dans l’océan catholique. Les participants aux Rencontres ont pu s’imprégner de l’atmosphère spirituelle du Vatican et partager leur foi et leur spiritualité avec des milliers de pèlerins et de croyants rassemblés pour voir et écouter le Saint Père sur la place Saint Pierre, dans le cadre du Jubilé de la Miséricorde. Nous avons été inspirés par le message du Pape François, qui disait : « Aujourd’hui, nous entendons le Seigneur appeler à Lui les découragés, les pauvres et les petits, et leur dire de toujours faire confiance à Dieu » en se basant sur le passage de l’Évangile de Mathieu où Jésus dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai ».
Durant l’après-midi, certains participants ont eu l’opportunité d’être guidés à travers les lieux ignatiens (Église du Gesú, Église Saint Ignace et les camerette de saint Ignace de Loyola, le lieu où il a vécu la fin de sa vie) par le président de WUJA Alain Deneef, qui souhaitait passer du temps avec les participants aux Rencontres et partager avec eux l’une de ses passions : l’histoire jésuite. J’ai ressenti l’ambiance chaleureuse lorsque les participants ont commencé à se rassembler, l’une d’entre eux, Mercedes Rey, dont j’avais fait la connaissance lors du congrès de la fédération espagnole, m’a enlacé en disant « Salut Pipo (c’est ainsi que mes amis m’appellent, y compris au sein de WUJA)… quel bonheur de te revoir ! » et de nombreux participants se sont salués sur un même mode amical.
Cette activité était également proposée le jeudi et le vendredi après-midi, pour nous permettre de découvrir nos racines ignatiennes et de revivre les expériences spirituelles et le quotidien des pères fondateurs de la Compagnie de Jésus. Nous pouvions compter pour ce faire des membres de « Pietre Vive », une initiative apostolique de la Compagnie de Jésus qui pratique l’évangélisation envers la jeunesse du monde au départ du patrimoine architectural et des églises. D’après Maria Dellasega, une ancienne élève allemande de moins de 25 ans, « La visite était intéressante, car elle nous a appris d’où nous venons et fait découvrir des objets ayant appartenu aux premiers Jésuites ».
En fin d’après-midi, nous avons eu le privilège de participer à l’Eucharistie dans l’un des trésors cachés des Jésuites : la chapelle domestique de la Curie généralice de la Compagnie de Jésus, un lieu spirituellement idéal, car c’est là que sont conservées des reliques des Généraux des Jésuites depuis la fondation de la Compagnie.
Mais ce jour-là, la véritable révélation des valeurs ignatiennes s’est faite lorsque, après avoir été lâché par un restaurant que nous avions réservé pour le dîner d’ouverture, je m’attendais, en tant que coordinateur logistique de l’événement, à être « lynché verbalement » par plus de cent participants affamés, mais, à ma très grande surprise, nous n’avons reçu en tant qu’organisateurs que des paroles de compréhension, de solidarité et de sympathie… Nous avons été submergés par la bienveillance des participants. Je n’oublierai jamais les propos de Stephan Gatt, de Malte : « Peu importe là où nous mangeons et ce que nous mangeons, pourvu que ce soit entre amis ».
De tels sentiments ont été présents tout au long de l’événement ; les participants aux Rencontres européennes ont eu l’occasion d’entendre des intervenants de premier plan sur le sujet « Migration globale et crise des réfugiés », qui avait été sélectionné pour proposer une approche multidimensionnelle de la crise des réfugiés, en touchant la complexité du phénomène d’après plusieurs perspectives, du besoin pour les sociétés qui reçoivent des migrants et de réfugiés de se montrer accueillantes, aux interactions interconfessionnelles, en passant par notre rôle en tant qu’anciens des Jésuites face à ce problème qui nous concerne tous.
Les causes fondamentales et les défis de la migration globale : Mauro Garofalo, responsable des relations internationales à la Communauté Sant’Egidio, a souligné le manque d’actions politiques efficaces de la part des pays européens pour remédier aux causes fondamentales de la migration dans les pays d’origine des réfugiés et pour garantir les droits minimaux des migrants dans les pays de passage et de destination.
Agir en Chrétiens : que nous dit l’Église ? Le P. Josep Buades Fuster SJ, Directeur du Service jésuite des migrants en Espagne a insisté sur l’appel lancé par l’Église catholique à ses membres d’accueillir et d’accompagner les réfugiés et de promouvoir la mise en œuvre d’actions visant à préserver et à garantir leurs besoins et droits fondamentaux.
Les deux manières de mourir pour l’Europe : Alain Deneef, président de l’Union mondiale des anciens élèves des jésuites, mais parlant ici comme administrateur du JRS Belgium, a partagé avec l’audience ses réflexions quant aux deux dangers qui menacent l’Europe. Le premier est l’arrivée désordonnée de hordes de migrants, disloquant l’ordre européen, mais causée largement par l’inconséquence de l’Europe à s’attaquer aux crises qu’elle contribue parfois à déclencher ou à aggraver : économique, politique, démographique et climatique. Le second est de perdre ses valeurs en se repliant sur elle-même et en renonçant aux valeurs qui ont fait ce qu’elle est. Il a plaidé pour une action commune des Européens pour juguler ces crises à l’extérieur et pour convaincre les Européens de s’arrimer à leurs valeurs, en les écoutant, en accompagnant leurs peurs, en leur expliquant les enjeux, en étant fermes sur l’application des principes décidés en commun.
Panel sur l’intégration des réfugiés et des migrants en Europe :
Intégration et hospitalité : Chiara Peri, Advocacy Officer au Centro Astalli, a présenté la situation selon la perspective des institutions engagées dans deux actions : l’accueil et l’intégration des migrants, et a présenté sous forme de témoignage les actions actuelles et les défis futurs de ces institutions d’un point de vue politique, économique et social.
Un traumatisme – Approcher l’intégration en connaissance de cause : Jill Drzewiecki, Coordinatrice du développement de la campagne Mercy in Motion au JRS International, a abordé la problématique des réfugiés sous un angle plus personnel, en présentant la situation des individus, les répercussions de la migration sur la santé mentale et les traumatismes générés à chaque étape du voyage, dès le moment du départ, arrivés à destination et au cours du processus d’intégration dans la société d’accueil.
L’Islam et l’intégration des réfugiés et des migrants en Italie : un exposé présenté par IlhamAllah Chiara Ferrero, secrétaire générale de la Communauté religieuse islamique d’Italie (COREIS), un organe créé au niveau interreligieux pour faire le lien entre les principes religieux des migrants et les enjeux démocratiques dans le contexte d’une société d’accueil sécularisée.
La réponse Jésuite : le Service Jésuite des réfugiés : le Père Tom Smolich sj, Directeur international du JRS International, a présenté le rôle du JRS et la mission qu’il a développée depuis sa création sous le généralat de Pedro Arrupe en 1980. Il a également souligné le fait que l’action du JRS et d’institutions similaires pour faire face à la problématique des réfugiés ne suffit pas et qu’il est nécessaire d’avoir davantage d’engagement par les pouvoirs publics et la société civile en général.
Le pourtour de l’auditorium proposait deux expositions artistiques qui sensibilisaient le public de façon originale à la situation des communautés vulnérables.
La Fédération argentine des anciens des jésuites, en partenariat avec l’ambassade d’Argentine auprès du Saint-Siège, a proposé une contribution culturelle aux Rencontres européennes, à travers une exposition des œuvres jésuites dans la région argentine du Boquerón, ‘Souls of Boqueron’, considérée comme l’une des dernières missions jésuites en activités dans le monde.
Le Service Jésuite des réfugiés a également proposé un point de vue touchant sur la problématique spécifique du déplacement, à travers des peintures réalisées par des réfugiés érythréens dans le cadre de son programme Artists in motion, qui consiste à utiliser l’art comme moyen de catharsis et d’expression des sentiments et comme support narratif des expériences des réfugiés. L’une des participants, Monika Smalinskaite, de Lituanie, nous a confié : « J’ai été très touchée par les peintures de ces réfugiés, elles m’ont fortement impressionnée en me faisant entrevoir leur état d’esprit. »
Pour en savoir plus sur le programme Artists in Motion du JRS, cliquez ici.
Mais l’événement se serait limité à une succession d’exposés et de présentations sans l’interaction, entre ces activités, avec les activités expérientielles qui illustraient les sujets des présentations du matin par des activités concrètes.
L’une de ces activités était le groupe de discussion, qui permettait aux participants qui le désiraient de partager leurs impressions et leurs points de vue dans un dialogue en présence de Pep Buades SJ, l’un des conférenciers. Ce débat a débouché sur des conclusions intéressantes qui peuvent se résumer par l’appel lancé par l’Église aux Chrétiens d’adopter une attitude d’accueil, d’accompagnement et de protection envers les personnes affectées par la crise de la migration, au fur et à mesure de leur périple et de leur processus d’intégration dans nos communautés. Plus encore : en tant qu’anciens d’institutions jésuites, nous avons la responsabilité de mettre à profit l’éducation et les privilèges reçus pour nous efforcer de notre mieux de résoudre cette crise, en sachant que même les actions à petite échelle dans nos vies quotidiennes peuvent amorcer un changement.
D’après Revathy Rugini, une participante au débat venue d’Inde, « C’est une excellente opportunité de partager nos points de vue et nos opinions avec nos compagnons venus de différents pays, cela nous montre que nous sommes semblables et que nous avons une tâche commune dans nos pays respectifs… »
Pour consulter le rapport complet et les conclusions des groupes de discussion (en anglais), cliquez ici.
D’autres activités proposées pour compléter le volet académique des Rencontres consistaient à passer du temps avec des réfugiés. Les participants à cette activité ont eu l’opportunité de rencontrer un groupe de réfugiés du Centro Astalli, l’antenne locale du JRS à Rome, autour de quelques spécialités syriennes. D’après Mercedes Puyuelo, une ancienne d’Espagne : « Cela transforme notre émotion et notre ressenti ; comme nous avons tendance à voir ces réalités avec distance, le fait de se trouver face à face avec eux est très touchant. »
La dernière activité proposée était une promenade dans Rome « à travers les yeux des réfugiés ». Les groupes qui avaient choisi cette option ont pu découvrir une autre facette de la Ville éternelle, qu’on ne trouve pas dans les brochures touristiques, une facette qui reste invisible pour beaucoup dans les occupations et la frénésie du quotidien, ce qui est le cas de nombreux Européens et de population accueillant des réfugiés de par le monde : la réalité des réfugiés et des migrants logeant dans les rues. L’activité s’est vue donner une touche particulière supplémentaire par la présence en tant que guide d’Issaka Maiga, un réfugié malien travaillant pour le Centro Astalli, qui s’est entretenu et a partagé ses expérience et ses réflexions avec les participants. « J’ai remarqué que le groupe était très touché et intéressé… J’espère que cela ne s’arrêtera pas là et que, de retour dans leurs pays, ils auront une meilleure conscience de ces réalités et qu’ils pourront mettre à profit leur expérience pour contribuer à la faire changer, de quelque façon que ce soit. »
Entrer en contact et créer des liens, tels étaient également les objectifs majeurs des Rencontres européennes, notamment lors du dîner festif qui s’est déroulé au restaurant renommé « Alfredo alla Scroffa », une référence gastronomique romaine, connue dans le monde entier pour les « Fettuccini Alfredo », qui ont été l’épicentre de cette soirée remplie de rires, d’échanges multiculturels et de fraternité. Certains se connaissaient déjà, d’autres n’avaient jamais participé à une telle manifestation, à l’instar de la délégation japonaise de l’Université Sophia de Tokyo, qui envoyait pour la première fois des délégués à une rencontre internationale d’anciens des Jésuites : Tomoyuki Kogure et Keiji Mogi. À ce moment de la soirée, l’espace rempli du son des échanges et des discussions est devenu la scène improvisée de quelques mariachis composés par un groupe d’Espagnols et le président de la Confédération latino-américaine, Andrés Ballerino, qui ont formé un chœur autour de Gabriel Calderon, président de la fédération mexicaine, qui ont entonné « Cielito Lindo », un chant traditionnel bien connu des hispanophones. L’un des convives, Georges Dedjibo, du Tchad, a fait part de son impression : « Il est agréable d’avoir de tels moments de convivialité en tant qu’anciens, tout en évoquant nos valeurs communes, notre goût de la simplicité et notre zone de confort dans le monde pour, qui sait, ouvrir les esprits pour apprendre à apprécier de sortir de cette zone de confort. »
Monika Smalinskaite a également ajouté : « Ce que j’ai surtout apprécié lors de cette rencontre, ce sont les gens : si divers, venus de pays différents, mais appartenant également à une même famille. »
Quelle meilleure conclusion pour un événement unique et marquant que de consacrer le samedi matin à une visite au Saint Père au Vatican ?
Après avoir passé un contrôle de sécurité comme dans un aéroport sous la colonnade de la Place Saint Pierre, notre groupe de 173 personnes s’est rassemblé à hauteur du Portone di Bronzo avant d’être autorisé à pénétrer dans le Palais. Tous les participants étaient sur leur trente-et-un : les hommes en costume foncé et cravate, quelques-uns en habits traditionnels de leur pays, et les dame en jupes élégantes et sobres. Certaines avaient la tête couverte d’une mantille, pour exprimer leur dévotion à Dieu et au Saint Père, son représentant sur terre. Il régnait comme une tension similaire à celle que ressentent les enfants au moment de recevoir leurs cadeaux de Noël… Nous étions tous impatients à l’idée de recevoir ce cadeau spirituel et marquant que la vie nous avait réservé.
Un membre de la Garde Suisse s’est présenté à nous et nous a conduits au pied d’un imposant escalier à l’intérieur de la Prefettura della Casa Pontificia, avant de nous guider le long d’un couloir longeant une chapelle ornée de vitraux et à travers plusieurs pièces pouvant à elles seules constituer des salles de musée, tant elles étaient riches en détails artistiques dans l’ameublement, les tapisseries et les ornements. En silence, le groupe est finalement arrivé dans la salle d’audience (nommée « salle du Consistoire »), un espace doté de nombreuses places assises où les participants se sont installés un à un en silence.
Après près d’une demi-heure de recueillement, vient le moment tant attendu : le Pape François apparaît, plongeant l’assistance dans une joie tangible, et comblant la pièce d’une énergie indicible. Nous avons la chance unique de rencontrer et de saluer le Pape François en personne ! C’était pour nous l’occasion d’offrir le travail effectué durant la semaine. C’est ce que fit le président de la Confédération européenne, Enrique Rebes, en s’adressant au Saint Père. En outre, un présent symbolique a été remis au Pape : une peinture réalisée par Mefin, un réfugié érythréen vivant dans un camp en Éthiopie. Dans le cadre de l’initiative « Artists in Motion » du JRS, ce dernier a voulu rendre hommage par son œuvre à son frère qui a risqué la dangereuse traversée vers l’Europe après avoir fui un enrôlement forcé dans l’armée. Le tableau a été remis au Pape par Alain Deneef, président de WUJA, et Issaka Maiga, un réfugié malien travaillant pour le Centro Astalli, qui avait guidé la promenade dans Rome à travers les yeux des réfugiés.
Les participants ont ensuite écouté le Saint Père qui leur a tenu un discours personnalisé qui consistait en un appel à la contemplation et à l’action face au phénomène des réfugiés : « Je vous exhorte à puiser aux joies et aux succès que votre éducation chez les jésuites vous ont apportés, en vous occupant de l’éducation des réfugiés dans le monde. […] Avec le Jesuit Refugee Service mettez en action votre miséricorde et aidez à changer cette situation dans le domaine éducatif. En faisant cela, vous construirez une Europe plus forte et un avenir plus lumineux pour les réfugiés. »
Pour lire le discours complet du Pape François aux participants aux rencontres européennes, cliquez ici.
Mais ce n’est pas tout : chacun des 173 participants a eu l’occasion de partager un moment personnel avec le Saint Père, lors duquel certains l’ont salué, ou ont demandé sa bénédiction pour eux-mêmes, leurs proches ou leur pays, d’autres lui remettant un petit présent, une photo et des souvenirs de leurs région et de leur pays.
On pourrait penser qu’une personne fort occupée comme le Pape se contenterait de serrer quelques mains en vitesse avant de s’éclipser rapidement… mais que du contraire ! Il a été impressionnant de voir cette personne, qui doit s’occuper de problèmes d’ampleur mondiale, parler à chacun, l’écouter, le regarder comme si les trente secondes que nous avons chacun passées face à lui étaient capitales à ses yeux, baissant son regard pour les plus petits, riant… Quelle preuve d’humilité et de charisme !
Après avoir salué le Pape François, chacun a reçu un chapelet béni de ses mains avant de regagner sa place. Les visages, parfois tendus ou anxieux au moment d’avancer vers le Pape, se transformaient l’instant d’après, certains versant des larmes de joie, d’autres en pure contemplation ou arborant juste un large sourire.
Dès le départ du Pape, la joie se lisait sur tous les visages et chacun commentait la rencontre, dans une atmosphère similaire à celle du lundi matin lorsque votre équipe sportive favorite a gagné son match… L’enthousiasme était généralisé dans les échanges et les commentaires des participants, qui achevèrent ce moment en chantant le refrain ignatien « En Todo Amar y Servir », qui est devenu un hymne pour les anciens et qui résume si bien leur appel.
En guise de conclusion de cet événement marquant, citons les paroles de l’une des participantes, Mercedes Puyuelo: « Ce genre d’événements est important, et ce pour différentes raisons. La première est d’entrer en contact avec d’autres anciens, avec lesquels se développe un lien très amical et un échange d’expériences. Un autre aspect tient au thème des rencontres : nous avons appris à connaître d’autres réalités et de rencontrer des personnes ayant un engagement extrêmement fort aux « frontières », des personnes de compassion, d’une grande générosité en temps et en savoir-faire. Nous avons également découvert des organisations, des institutions et des ONG que nous ne connaissions pas chez nous.
L’objectif de ces rencontres est pour nous de devenir sans cesse meilleurs, d’augmenter notre engagement et notre compassion et, par-dessus tout, d’ “aimer et servir en toute chose”. »
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