17/01/2020
« Maior Dei Vis Vobiscum ! »

Ou quand le célèbre motto jésuite « Ad Maiorem Dei Gloriam » (pour une plus grande gloire de Dieu), souvent abrégé sous le signe AMDG, est revu sous l’angle de la Guerre des Etoiles. En effet, les plus cinéphiles d’entre nous ne sont pas sans ignorer la sortie récente du 9ème opus de la saga intergalactique (« Star Wars : L’Ascension de Skywalker »[1]), qui nous est arrivée en cette fin d’année 2019 comme un cadeau tombé des étoiles et directement arrivé au pied du sapin… et de la crèche ! L’occasion d’apprendre – ou de nous rappeler – que nous avons reçu de nos maîtres une formation assez semblable à celle prodiguée par les Jedi’s. Les similitudes sont en effet troublantes…

Adaptation libre par Maurice Selvais de l’article de Jason Welle « How Jesuits are Jedi are more like than you might think » publié dans America Magazine, 12/13/17

 

  1. Les jésuites et les Jedi’s croient tous deux à une puissance spirituelle pénétrant l’univers. Pour Obi-Wan Kenobi, « la force est (…) une énergie qui nous entoure et nous pénètre, et qui maintient la galaxie en un tout unique »[2]. Mais Dieu lui-même n’est-il pas une force supérieure qui nous entoure et nous transcende ? Les jésuites croient à la possibilité de trouver Dieu en toute chose. Non pas seulement en nous-mêmes, mais aussi à l’intérieur des autres et même dans les choses que nous fréquentons quotidiennement et qui découlent de la Création.
  1. Nos deux groupes ont reçu une longue et puissante formation. Les Jedi’s, recrutés dès la plus petite enfance, parfois même au berceau, sont formés pendant vingt-trois ans avant de devenir des Jedi’s accomplis. Les jésuites commencent plus tard et prononcent leurs vœux finaux après dix à quinze ans de formation.
  1. Tant les Jésuites que les Jedi’s reçoivent des conseils de la part de membres plus âgés et plus avisés au sein de leur communauté, ce qui a pour effet de les faire rapidement et mieux progresser. Les Jedi’s sont entraînés en tant que « padawans » sous l’aile d’un maître jedi. Ainsi le jeune Luke Skywalker pouvait compter sur le célèbre Yoda[3]. Les jésuites commencent en tant que novices sous la bonne guidance d’un maître des novices, et bien plus tard encore sous les conseils avisés d’un directeur spirituel, généralement lui-même un jésuite réputé pour sa profondeur spirituelle et sa capacité à mener ses collègues correctement tout au long de leur vie spirituelle. Ainsi depuis toujours, les jésuites et ceux qu’ils forment peuvent jouir d’un accompagnement sérieux et compétent, tant durant leur formation entre les murs des collèges et universités qu’une fois à l’extérieur de ceux-ci.
  1. Le noir leur va si bien. Sans doute pour nous aider à mieux nous focaliser sur la lumière dont ils sont les témoins et les relais.
  1. Ils sont tous deux liés par des règles et un code. Chez les Jedi’s, le code jedi gouverne le comportement de l’ordre jedi, interdisant notamment à tout Jedi de se marier ou même d’avoir de simples relations amoureuses. Le jésuite, quant à lui, au-delà des vœux évidents de pauvreté, chasteté et obéissance, est lié par les Constitutions de la Compagnie de Jésus, promulguées par la bulle papale Regimini Militantis Ecclesiae[4] qui indique les règles de la vie commune jésuite.
  1. Les jésuites et les Jedi’s sont dirigés par un supérieur élu assisté d’un cercle de conseillers. Le Conseil des Jedi’s, basé au temple jedi de Coruscant, était dirigé par le Maître de l’ordre. Il était assisté d’un cercle de 12 maîtres jedi’s issus des quatre coins de la galaxie. Les jésuites sont évidemment dirigés par un supérieur général, depuis Rome. L’actuel supérieur général de la Compagnie de Jésus est le Vénézuélien Arturo Sosa, s.j. Il est le tout premier non-Européen à être élu (à vie) à ce poste. Il est parfois surnommé le « pape noir ». Par ailleurs, étant donné que le pape François est jésuite, le Père Sosa ne reste-t-il pas en quelque sorte son supérieur ? Plutôt étonnant, non ? Le Supérieur général de la Compagnie recherche les conseils de ses assistants représentant toutes les régions du globe.
  2. Les deux ordres – jésuite et jedi – furent dissous par le pouvoir en place. Mais cette fois, les jésuites s’en sortirent mieux. Parce que, bien que la Compagnie fût dissoute par l’autorité papale durant une quarantaine d’années à la fin du XVIIIe siècle et qu’il leur fut ordonné de quitter leurs missions, voire même l’état régulier, les jésuites sont encore bien présents aujourd’hui. On ne peut pas en dire autant des Jedi’s qui furent tous tués par l’Empire. Tous ? Nous ne sommes guère des spoilers, mais là où il y a de l’espoir et des forces survivantes, tout est possible. Et qui sait ? Peut-être que les Jedi’s reviendront comme les jésuites l’ont fait il y a deux cents ans.

Quid alors des différences ? Elles sont peu nombreuses car Jedi’s comme jésuites dominent chacun leur monde au service du Bien. Cependant, si les Jedi’s ont des sabres lasers, les jésuites eux n’en ont pas, à l’instar de saint Ignace qui était gentilhomme et qui déposa son épée au pied d’un autel après sa conversion. Car tout le monde le sait : l’arme véritable d’un jésuite n’est pas son épée, mais son verbe. Si vous parlez le langage jésuite, vous avez de bonnes chances d’être du bon côté de la force…

Une autre différence : s’il existe bien des femmes Jedi’s, il n’y a pas de femmes au sein de la Compagnie de Jésus. Par contre, il existe de nombreux ordres de religieuses dont la spiritualité s’articule autour des Exercices spirituels ignaciens. Elles recherchent volontiers conseils et assistance auprès des jésuites. Enfin, même si Obi-Wan Kenobi, quand il parle, envoie du lourd, soyons honnêtes : le pape François est sûrement l’honorable sage le plus cool de toute la galaxie !

Qu’une plus grande force de Dieu soit avec vous !

 

[1] Pour ceux qui s’offusqueraient d’une non-traduction du titre en français, nous sommes désolés : nous sommes puristes.

[2] Episode VI: « Return of the Jedi »

[3] Episode V: « Empire strikes back »

[4] « Pour le gouvernement de l’Église militante », 27 septembre 1540 (Pape Paul III)

 

 

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